Le patrimoine est ce qui nous vient de nos parents et que nous souhaitons transmettre à nos enfants. Si cette définition reste valable, il est devenu difficile aujourd’hui de parler de « patrimoine » au singulier. La conscience grandissante de leur diversité a profondément enrichi cette notion.
Dans cette dynamique, les cantons romands soutiennent activement les projets qui valorisent les patois, qu’ils soient portés par des locuteurs ou qu’ils intègrent ces langues dans des initiatives culturelles plus larges. Les patois, patrimoines à la fois culturels et linguistiques, entrent en résonance avec de nombreuses autres formes d’expression : ils croisent les parlers régionaux — entre « panosse » et « il fait cru » —, les argots, le folklore et bien d’autres traditions, qu’elles soient matérielles ou immatérielles. À nous d’explorer ces zones de rencontre et de dialogue !
En Valais, la tradition cantonale du « Patois du Valais romand en scène » a même été inscrite sur la liste des traditions vivantes de Suisse. Et de nombreux projets mêlent le patois à d’autres pratiques : des créations artistiques associant le patois à la musique ou à la cueillette de plantes sauvages, des balades folkloriques qui font dialoguer le patois avec le patrimoine culinaire alpin, des lectures de contes et bien plus encore.
Dans le canton de Vaud, où la pratique chorale est très présente, certaines formations chantent régulièrement en patois, perpétuant ainsi une tradition vivante et partagée. Inscrites au patrimoine immatériel cantonal, les « manifestations du patois vaudois » mentionnent, outre le chant en patois, des contes et poèmes ainsi que des cours, des veillées et des publications qui font paraître des histoires en patois (le Messager boiteux, Le Coterd).
À Fribourg, les « expressions artistiques en patois fribourgeois et dialecte singinois » sont inscrites à l’inventaire cantonal et, depuis 2023, à l’inventaire national. Chanter, faire du théâtre ou écrire en patois sont une façon de maintenir vivant ce patrimoine. De nombreuses autres traditions documentées font écho au patois : le Ranz des vaches (Lyôba), la saison d’alpage, la peinture de poyas, le chant choral ou la Bénichon, pour n’en citer que quelques-unes.
Le patois traverse également de nombreux pans de la vie jurassienne ; il est d’ailleurs inscrit dans la Constitution cantonale. Il est la langue privilégiée de pièces de théâtre amateur courues, de contes et de certains groupes de musique pop. Chaque semaine, on le lit dans le journal local et on l’entend à la radio. Il est encore la vedette de tous les apéritifs de la région à travers le totché, savoureux gâteau à la crème emblématique du patrimoine culinaire jurassien.